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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 03:22

usine

 

AFP

Au lieu de provoquer une explosion des “énergies vertes”, la sortie du nucléaire annoncée par Angela Merkel en 2011 va entraîner la construction de nouvelles — et très polluantes — centrales au charbon. Une option qui ne déplaît pourtant pas aux écologistes.

Quand l’un des nos voisins allemands commence une déclaration par : "Les Allemands ont le droit de ...", cela paraît toujours inquiétant. De quel droit s'agit-il donc ? Et bien de celui d'empoisonner l'environnement !. Et pourquoi ne pas tirer son énergie du charbon, quitte à produire une énergie presque aussi polluante que celle produite par la combustion de pneus ? L'Allemagne est en droit de le faire. 

Peter Altmaier a beaucoup fait pour le retour allemand au charbon. Aucun autre pays ne construit actuellement autant de centrales alimentées par le coke que l'Allemagne, avec 23 installations. La plupart d'entre elles vont brûler le lignite, le combustible le plus sale des énergies fossiles, avec un impact atmosphérique de 150 millions de tonnes de CO2 de rejets, et tout cela en accord avec les Verts.

Les écologistes allemands sont ils devenus fous ? Oui, en quelque sorte. Depuis l’annonce, faite par Angela Merkel en mars 2011, quelques jours après l'accident survenu à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, de l'extinction de sept réacteurs nucléaires sur les dix-sept que comptait l’Allemagne, ils n’ont yeux que pour la chancelière.

Alors que certaines voix se sont élevées au Parlement pour réclamer le maintien partiel du secteur nucléaire, les Verts se disent favorables au charbon, chose jamais vue dans l'histoire pour un parti écologiste. "Nous sommes prêts à accepter un retour temporaire au charbon comme source d'énergie afin d'épargner à l'Allemagne les effets destructeurs de l’atome. Après tout, ce qui nous importe à tous c'est la protection de l'environnement", a expliqué le chef du groupe des Verts au Bundestag, Jürgen Trittin.

S'agit-il bien de l'intérêt de la planète, ou d'une convergence exceptionnelle entre les intérêts des poids lourds de l'industrie d'énergie et le soi-disant bien-être de notre planète Terre ? Quoi qu'il en soit, ce n'est assurément pas les intérêts environnementaux qui priment, comme en témoigne le triste cas de l'industrie solaire allemande.

Culture de l’ananas 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Allemands adorent l'énergie solaire. Le territoire de notre voisin occidental est chauffé par les rayons de soleil à peu près autant que l'Alaska, et pourtant l'Allemagne dispose à elle seule des installations de cellules photovoltaïques d'une capacité totale quasiment équivalant à la puissance de toutes les autres installations à travers le monde. "C'est comme si les habitants de l'Alaska se mettaient subitement à la culture d'ananas", a fustigé récemment le député de la CDU [conservateurs] Michael Fuchs.

Ces ananas sont extrêmement coûteux pour les Allemands. L'absurdité d'investir dans le secteur de l'énergie solaire a été très clairement décrit dans les publications de l'économiste Joachim Weimann. De son point de vue, si les 9 milliards d'euros, consacrés cette année au secteur de l'énergie solaire, étaient investis dans l'énergie éolienne, on produirait cinq fois plus d'électricité, et jusqu'à six fois plus si les investissements portaient sur l'énergie hydraulique. De même, pour réduire les émissions de CO2 d'une tonne, il suffit investir 5 euros dans l'isolation d'un bâtiment, 20 euros dans une nouvelle centrale au gaz, ou 500 euros dans l'énergie solaire.

En dépit de ces coûts exorbitants, le gouvernement allemand a soutenu pendant des années le secteur, en espérant, comme le soutient Weimann, que les fabricants allemands de cellules photovoltaïques, fortement subventionnés, arrivent à dominer les marchés mondiaux. Mais il y a deux ans, quand il s'est avéré que les Chinois étaient capables de produire des cellules moitié moins chères que les Allemands, Berlin a coupé son aide, entraînant une vague de faillites en Allemagne.

Si les dépenses en faveur des énergies renouvelables étaient engagées dans une logique de protéger l'environnement, l'énergie solaire n'aurait jamais vu le jour en Allemagne. Mais en réalité, la révolution verte allemande ne relève pas tant de l'environnement que du profit et de la volonté de créer des créneaux spécialisés où les entreprises allemandes pourraient devenir imbattables.

Puisque la chancelière Angela Merkel a réussi à convaincre les écologistes en faveur du charbon, elle pourrait probablement tout aussi bien les convertir à l'atome. Mais cela n'aurait aucun intérêt pour l'économie allemande, puisque l'énergie nucléaire est un pré-carré français. La protection de l'environnement doit être avant tout rentable.

 

Traduction : Lucyna Haaso-Bastin

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